Maquette d'Hermes 1/7e

    Historique

En avril 1977, le Centre National d'Etudes Spatiales, en France, demande à Aérospatiale d'étudier la possibilité de concevoir un véhicule spatial qui pourrait être lancé par une version améliorée d'Ariane. Cette faisabilité établie, deux concurrents sont en lice pour réaliser le projet : Aérospatiale et Avions Marcel Dassault - Breguet Aviation. Aérospatiale propose un avion à aile en double delta et doté d'une dérive. Dassault de son côté présente un avion sans dérive, à aile delta équipée de gouvernes en bout d'aile.
Le 31 janvier 1985, le Conseil des Ministres européens de l'Espace réuni à Rome approuve un plan spatial européen conduisant à une capacité spatiale européenne complète, et fait siennes les propositions d'entreprendre le programme Columbus en tant qu'élément de la station spatiale internationale et le développement d'Ariane 5. Il prend note de la décision française d'entreprendre le programme d'avion spatial habité Hermes et de la proposition d'y associer les partenaires européens.
Le 18 octobre de la même année, Aérospatiale est choisie par le CNES pour la maîtrise d'oeuvre d'Hermes, Dassault en est le maître d'oeuvre délégué pour l'aéronautique, c'est donc le concept d'avion de Dassault qui est retenu. Sept jours plus tard le CNES présente le projet aux délégations et industries européennes. A cette époque le coût du projet est estimé à 14 milliards de Francs (2,83 milliards d'euros, valeur 2001).

En juin 1986, le conseil de l'Agence Spatiale Européenne (ESA) approuve l'européanisation du projet Hermes, entérinée officiellement au conseil des ministres européens de la Haye en novembre 1987 : Ariane 5 lancera Hermes qui desservira la station européenne Columbus.
La station Columbus est composée de trois modules :
- Columbus Free Flying Laboratory, laboratoire ayant la capacité d'effectuer des missions en mode automatique télécommandé depuis la Terre et visitable par l'homme.
- Columbus Polar Platform pour l'observation de la terre.
- Columbus Attached Laboratory, partie européenne de la station orbitale américaine Freedom.
Hermes sera compatible avec les stations Freedom (USA) et Mir (URSS).
Entretemps, le CNES a décidé de ne pas construire le démonstrateur MAIA, modèle réduit de la navette à l'échelle 1/3 destiné à valider les essais et modélisations aérothermodynamiques avant les essais en vols menés par des équipages. Le premier vol sera automatique, permettant ainsi d'obtenir de véritables données sans risquer la vie d'un équipage. Cette décision augmente légèrement le coût du projet qui venait d'être réévalué à plus de 21 milliards de Francs (4,24 milliards d'euros, valeur 2001).

En 1990, 12 pays participent à l'aventure, dont le Canada :

France 42.65 % Allemagne 26.70 % Italie 12.47 % Belgique 5.86 % Espagne 4.45 % Pays-Bas 2.40 % Suisse 1.98 % Suède 1.83 % Autriche 0.50 % Canada 0.45 % Danemark 0.45 % Norvège 0.26 %

Organisation industrielle Aérospatiale Maître d'oeuvre industriel, cellule, installations, zones de travail, logiciels embarqués Dassault Maître d'oeuvre délégué à l'aéronautique, protection thermique, commandes de vol Matra Electronique fonctionnelle MBB Propulsion Dornier Contrôle environnement et support vie, pile à combustible ANT Mesures et communications Aeritalia Contrôle thermique ETCA Alimentation électrique de bord Deutsche Hermes/MBB Système de sauvetage et d'évacuation

Le 23 janvier 1992, Aérospatiale, Alenia, Dassault Aviation et DASA créent Euro-Hermespace, le 8 juillet Aérospatiale livre le premier "nez" de l'avion spatial européen Hermes à Dassault pour les essais, sa réalisation a nécessité la mise au point de matériaux capables de résister à des températures culminant à plus de 1 600° C.

    Description

Hermes est prévu pour être mis en orbite par Ariane 5 depuis le port spatial européen de Kourou en Guyane Française.
Sa mission principale est la desserte du laboratoire autonome de Columbus (CFFL). Cette mission est planifiée pour durer douze jours dont sept accostés au laboratoire. Des missions de 4 semaines ont également été envisagées.
Autre mission importante, la visite de la station spatiale internationale (ISS), en orbite à 400 km de la Terre, et enfin des missions scientifiques et techniques sans accoster à une station.
Le retour sur Terre doit s'effectuer sur la base d'Istres en France ou à Kourou.
Trois à quatre vols par an sont prévus.

Le véhicule spatial Hermes (VSH) est un vaisseau habité composé de trois parties :
- L'avion spatial Hermes (ASH) doté d'une voilure de type delta sans empennage. Comprenant une cabine de pilotage de 8 m3 pour 3 astronautes, une soute pressurisée de 25 m3 consacrée à la cargaison, aux activités scientifiques et à la vie de l'équipage; elle possède aussi des aménagements qui permettent l'hygiène à bord, les soins médicaux, les exercices physiques, la préparation des repas et le repos.
- Le module de ressources Hermes (MRH) adaptable aux missions et qui doit être séparé de l'avion lors de la rentrée atmosphérique. Il contient un volume pressurisé de 28 m³ , les réserves d'oxygène, de carburant et d'eau. Il est équipé du sas d'amarrage pour les activités extra-véhiculaires.
- Le module de propulsion Hermes (MPH), étage de propulsion associé au lanceur Ariane 5. Une fois mis sur orbite et séparé d'Ariane 5, Hermes doit utiliser ce module pour modifier son orientation et sa vitesse afin d'atteindre la station spatiale cible.
Les dimensions d'Hermes sont proches d'un Mirage 2000 B.

    Qu'en est-il maintenant ?

Fin novembre 1992, le coût du projet devenu insupportable dans une conjoncture économique difficile et un contexte géopolitique profondément changé, les Ministres européens de l'Espace réunis à Grenade (Espagne), décident l'abandon du projet Hermes sous cette forme. Les études s'orientent alors vers une navette Euro-Russe qui ne verra pas non plus le jour.
En fin de compte, le laboratoire Columbus est devenu un module de la station spatiale internationale (ISS), il devait lui être attaché en permanence en 2004 mais ne l'a été qu'en février 2008 (livré par une navette américaine).
Hermes dans sa mission de ravitaillement est remplacé par un véhicule de transfert automatique (ATV) lancé par Ariane 5. C'est un cylindre de près de 20 tonnes, chargement compris, haut de 10 m sur 4,50 m de diamètre, constuit par un consortium d'industriels européens dirigé par EADS Astrium. Il embarque une cargaison de 8,3 tonnes, dont plus de 6,5 tonnes de carburant, mais aussi de l'eau, de la nourriture, des vêtements et de l'oxygène pour l'équipage de l'ISS et des pièces détachées pour Columbus.
Le premier vol a eu lieu le 9 mars 2008, mis sur orbite basse à 260 kilomètres d'altitude une heure et six minutes après le décollage, l'ATV baptisé "Jules Verne" s'est arrimé à l'ISS le 3 avril suivant.

Caractéristiques

Avion Spatial Hermes
Longueur	12,69 m
Envergure	9,01 m
Hauteur	2,96 m
Diamètre	2,74 m
Masse maxi en charge, orbite de transfert	15 000 kg
Masse maxi en charge, atterrissage	15 000 kg
Charge utile maxi, en orbite	1 500 kg
Charge utile maxi, atterrissage	1 500 kg
Module de Ressources Hermes
Longueur	5,61 m
Diamètre	5,40 m
Masse maxi en charge, orbite de transfert	8 000 kg
Charge utile maxi, en orbite	1 500 kg
Longueur ASH + MRH	18,30 m
Equipage	3

    Sources documentaires

Documents institutionnels ESA, CNES, Aérospatiale, Dassault
Bulletin du GIFAS
Air & Cosmos
Site Internet EADS-LV
Site Internet ESA