Fusées
Balistique et spatial
Lanceur Diamant A au 1/16eFusée Emeraude au 1/16e
Satellite Astérix
Missile MSBS
La seconde Guerre Mondiale a clairement démontré l'importance stratégique des fusées. Dès la fin de la guerre, la France lance des recherches en ce sens, d'abord pour établir l'implantation d'un champ de tir, le Centre Interarmées d'Essais d'Engins Spéciaux est créé le 21 avril 1947 à Colomb-Béchar en Algérie.
En 1950, la France procède à un modeste tir de la fusée-sonde Véronique R (VERnon-electrONIQUE, taille Réduite), elle atteint l'altitude de trois mètres ! En 1952, la Véronique N3 (taille Normale) atteint 60 km et le 21 février 1954, Véronique NA14 (taille Normale, trajectoire Allongée) atteint 135 km d'altitude. En mars 1959, Véronique AGI (Année Géophysique Internationale) atteint 210 km. Le 18 juin 1960, Véronique AGI25 porte une charge explosive, la voie est ouverte au missile Sol-Sol Balistique Stratégique.
Un comité de recherches spatiales est créé en 1961, à l’image de la NASA : le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES).
La série des "pierres précieuses"
Confié à la Société pour l'Etude et la Réalisation d'Engins Balistiques (SEREB) à la fin de 1959, le programme d'Etudes Balistiques de Base comprend l’étude et les essais au sol de gros propulseurs à liquides et à poudre et les essais en vol du propulseur du Sol-Sol Balistique Stratégique. La série comporte les véhicules d'essais appelés Agate, Topaze, Emeraude, Saphir, Rubis. Chaque engin a ses caractéristiques propres qui vont permettre d'évaluer, séparément puis par assemblage, plusieurs techniques qui serviront de base au lanceur Diamant.
Emeraude | Diamant A |
Fusée Emeraude
Les fusées Emeraude, Véhicule d'Essais 121, développées en 1964 et 1965 sont des engins à deux étages, le premier doté d’un nouveau moteur à propergols liquides (acide nitrique et essence de térébenthine, comme sur Véronique), portant en second étage un engin Topaze inerte. Réalisés depuis Hammaguir en Algérie, en 1964, les trois premiers tirs sont des échecs. Après contrôle du ballottement des liquides dans les réservoirs, les deux derniers tirs, en 1965, sont réussis.
Lanceur Diamant A
Le lanceur Diamant est triétage. Il s'appuie sur les études menées pour les autres "pierres précieuses" qui ne sont que mono ou biétage.
Le premier étage, comme pour Emeraude, est doté d’un moteur à propergols liquides, il délivre une poussée allant jusqu’à 348 kN. Le second étage est à poudre ainsi que le troisième étage qui contient la case à équipements.
Au sommet du lanceur se trouve la charge utile d'un poids de 18 à 110 kg.
Le 26 novembre 1965 à 15h47, Diamant décolle de la base d’Hammaguir. Ce vol inaugural est un succès.
Satellite Astérix
Pour son premier vol, la fusée Diamant A met sur orbite le satellite A1, surnommé "Astérix", d'un poids de 40 kg. Ses antennes ayant été endommagées par la coiffe du lanceur, il reste muet. Cependant un faible signal est détecté par les services d'alerte avancée de l'USAF, la satellisation est confirmé sur une orbite de 509 km de périgée et 2276 km d'apogée, inclinée à 34° sur l'équateur et parcourue en 1 h 53 mn.
La France devient alors la troisième puissance spatiale.
Les premiers missiles stratégiques MSBS
Les recherches dans le domaine spatial et celles des missiles stratégiques étaient menées en parallèle. Déjà en 1957 le ministre de la Défense décide la création d'un établissement permettant les recherches atomiques militaires à Reggane.
En 1971, Aérospatiale, née en 1970 de la fusion de la SEREB, de Nord-Aviation et de Sud-Aviation, livre à l'Armée de l'Air le système SSBS (Sol Sol Balistique Stratégique) implanté au sein du 1er Groupement de Missiles Stratégiques du Plateau d'Albion et à la Marine Nationale, le système MSBS (Mer Sol Balistique Stratégique).
Les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) et leurs missiles MSBS constituent la Force Océanique Stratégique française (FOST) basée à Brest.
Grâce à la mobilité et à la discrétion de sa plate-forme de tir, le système MSBS est quasiment invulnérable et tient, à ce titre, une place prépondérante dans la stratégie française de dissuasion.
Pouvant naviguer en plongée pendant plusieurs mois, les SNLE emportent à leur bord seize missiles balistiques dotés de charges nucléaires. Les seize tubes de lancement verticaux des sous-marins sont disposés en deux rangées longitudinales de huit tubes chacune. Les missiles sont tirés en plongée à une cadence très rapide sous le contrôle d'un ensemble électronique relié au centre de traitement des données du sous-marin.
Ces conditions de tir prennent une grande importance dans l'étude des missiles MSBS. Lorsqu'un missile balistique est tiré à partir de tubes immergés, l'engin est soumis à des effets hydrodynamiques avant d'entrer dans l'atmosphère.
Ces effets dynamiques et la mobilité de la plate-forme de lancement soulignent la spécificité du développement des missiles MSBS. S'y ajoute l'exiguïté des conditions de stockage des missiles à bord des sous-marins.
Missile | M1 | M2 | M20 | |
Poids total | 18 t | 20 t | 18 t | |
Diamètre | 1,5 m | 1 ,5 m | 1 ,5 m | |
Longueur | 10,4 m | 10,7 m | 10,4 m | |
Type de propergol solide | isolane | isolane | isolane | |
Portée | > 2 500 km | > 3 000 km | > 3 000 km | |
Tête | Nucléaire 500 kt | Nucléaire 500 kt | Thermonucléaire 1 Mt | |
Mise en service | 30 janvier 1972 | 13 septembre 1974 | 25 janvier 1977 | |
Retrait | 29 avril 1976 | 9 août 1979 | 1991 | |
Sous-marins équipés | le Redoutable le Terrible |
le Foudroyant le Redoutable |
l'Indomptable le Terrible le Foudroyant le Tonnant |
Sources documentaires
Exposition AAAF.
De Véronique à Ariane. Gérad Hartmann.
Pégase n° 101. Les débuts de la politique spatiale française.
Site CNES.
Plaquette Aérospatiale Défense.
Docavia 52, La maîtrise du feu. Félix Torrès. Ed Larivière.
Maquettes en bois
Maquettes en bois au 1/24e
Dassault Hirondelle
Dassault Hirondelle
Avion de liaisonMaquette de soufflerie
Historique
Après l'abandon du Communauté et du Spirale, Dassault cherchait toujours un successeur au Flamant, sachant que le Mystère 20 serait trop onéreux pour remplir cette fonction.
A l'apparition du turbopropulseur Turboméca Astazou XIV, l'Etat-Major pensa qu'il pourrait permettre la réalisation d'un avion tel que le Communauté tout en pesant moins lourd, donc plus économique.
En 1967, Dassault lança l'étude du MD 320 Hirondelle, un dérivé du Communauté simplifié et allégé, ayant l'aptitude à utiliser des terrains sommairement aménagés.
La cabine pouvait être aménagée pour 6 à 14 passagers, un galley et des toilettes étaient à l'arrière. Le poste de pilotage pour deux hommes pouvait recevoir les mêmes équipements que le Falcon.
Les moteurs étaient des Astazou XIV de 920 cv entraînant des hélices Hamilton.
Les missions que l'Hirondelle pouvait remplir étaient :
- avion d'affaires pour 6 à 8 passagers
- transport de 3ème niveau pour 8 à 14 passagers
- école de pilotage ou de navigation
- transport sanitaire ou cargo
Le premier vol intervint le 11 septembre 1968 aux mains de Jean Coureau et Hervé Leprince-Ringuet.
Mais l'Etat-Major se désintéressant du projet et le marché civil s'avérant décevant, le projet fut abandonné. Un étude fut quand même menée avec des réacteurs Larzac mais la distance franchissable était insuffisante. Le prolongement de cette étude aboutit au Mini Falcon connu sous le nom de Mystère-Falcon 10.
Sources documentaires
Mystère-Falcon. Jean Cuny. Ed EPA.
SAB AB-80
SAB AB-80
Avion de combat polyvalentMaquette de soufflerie
La Société Aéronautique Bordelaise a été créée le 25 juillet 1929, elle prend le relai du département avions de la société Dyle et Bacalan, ses capitaux proviennent de Nieuport-Astra et de personnes privées bordelaises, Gustave Létang en est le directeur général. Les avions en cours de construction s'appelleront toujours DB tandis que les nouveaux seront désignés AB.
L'AB-80 est la dernière grande réalisation du bureau d'études bordelais de Gustave Létang. C'est un des nombreux concurrents d'un programme de " multiplaces de combat ", c'est à dire d'avions polyvalents capables de cinq missions types : renseignement, bombardement rapproché, combat, bombardement lointain, reconnaissance. Pour remplir ces tâches un équipage de quatre hommes est nécessaire, qui dispose de différents équipements fixes (TSF, matériel de sécurité, de navigation, armement de bord) et mobiles en fonction des missions (viseurs, appareils photographiques, lances-bombes, lance-fusées, etc.).
Ce programme de multiplaces dit aussi " B.C.R. " (Bombardement, Combat, Reconnaissance) date du 8 août 1933. Pas moins de sept avions sont étudiés pour y répondre : l'AB-80 (ou SAB-80), l'Amiot 144, le Breguet 460, le Bloch 130, le Dewoitine 420, le Farman 420, le Potez 541.
L'AB-80 est un bimoteur, monoplan à aile haute, à train classique fixe, et empennage bi-dérive. Il est propulsé par deux Hispano-Suiza 12Ybrs à compresseur et réducteur, à refroidissement par eau, de 860 CV, entraînant des hélices tri-pales Ratier à pas variable. Le fuselage est de section rectangulaire. Les ailes ne sont pourvues que de longs ailerons qui s'étendent sur un tiers de l'envergure. Le revêtement fait toujours appel à des raidisseurs externes selon le procédé devenu classique de la maison. La voilure, partie délicate qui demande le plus de savoir-faire, est constituée de quatre longerons avec semelles en U standard accolées et à une âme en treillis formé par des étirés en U rendus solidaires en flexion par la présence de couples triangulés, eux-mêmes constitués par des étirés en U ou en oméga épousant la forme du profil. Une construction légère et solide mais d'une assez grande complexité de fabrication.
A noter que l'AB-80 était pourvu de deux jeux d'extrémités d'ailes (au-delà de l'aileron) ; un court consistant en simples saumons et un long augmentant l'envergure d'environ 3 mètres et la surface de 7 m2.
Pour une masse à vide de 4 300 kg, la masse maximale au décollage de l'AB-80, en fonction de ses missions, varie de 6700 kg (renseignement) à 8 100 kg (bombardement lointain), la masse maximale de carburant pouvant atteindre 1 300 kg.
Le chargement en bombes, munitions et carburant est variable selon les missions. Le tableau ci-dessous indique l'armement en fonction des missions :
Bombardement rapproché | Bombardement lointain | Renseignement | Reconnaissance | Combat | |
Cartouches | 2000 | 2 000 | 2 000 | 2 000 | 3000 |
Bombes | 40 x 10 kg ou 10 x 50 kg ou 5 x 100 kg |
40 x 10kg + 4x 100kg 10 x 50 kg +4 x 100kg 5 x 500 kg 4 GPU 4 x 200kg |
|||
Bombes éclairantes | 4 x 30 kg | 4 x 30 kg | 4 x 30 kg | 12 x 30 kg | 4 x 30 kg |
Fusée éclairante | - | - | 12 | 12 | - |
Appareil photo | - | - | F 30 ou F 50 | F 30 ou F 50 | - |
Canon | - | - | - | - | Calibre 25 mm |
Le AB-80 décolla pour la première fois de Mérignac le 13 juin 1934, piloté par M. Descamps. Les essais constructeur de cette machine n'ont sans doute pas été terminés avant la cessation d'activité de la S.A.B. Au début de ces essais la partie arrière du train fut endommagée et nécessita une intervention, pendant 36 heures d'affilée, d'une équipe de l'usine sur le terrain de Mérignac. Les résultats les plus significatifs qui circulaient alors sur le terrain étaient une bonne vitesse ascensionnelle et une vitesse maximum élevée, dépassant les 300 km/h.
En 1935, les installations de la SAB sont reprises par la Société Aéronautique du Sud-Ouest.
Caractéristiques | ||
Envergure grande voilure | 24 m | |
Envergure petite voilure | 21 m | |
Longueur | 18,50 m | |
Surface alaire grande voilure | 81,70 m2 | |
Surface alaire petite voilure | 74,50 m2 | |
Masse à vide | 4 300 kg | |
Masse max. | 8100 kg | |
Vitesse max. au sol | 265 km/h | |
Vitesse max. à 4000 m | 330 km/h | |
Vitesse d'atterrissage | 125 km/h | |
Plafond pratique | 8000 m | |
Temps de montée de 500 à 4500 m | 13 mn | |
Rayon d'action en croisière à 4000 m | 1000 km |
M. Maurice Monsegu nous a remis, à l'occasion des journées du patrimoine 2006, la maquette de soufflerie, à l'échelle 1/20e, du SAB 80. Cette maquette avait été récupérée par son père lors de l'évacuation de la SNCASO de Bacalan vers la caserne de Saint-Astier. |
Sources documentaires
L'aéronautique à Bacalan. Jean Lacroze. Le Trait d'Union
Dassault Spirale III
Dassault Spirale III
Cargo léger à décollage et atterrissage courtsMaquette de soufflerie
Photo © Pierre-Clément Got
Le projet Spirale III, développé conjointement par Dassault et Sud-Aviation, était un avion de transport militaire léger, pressurisé, à aile haute cantilever, dérivé de l'avion prototype Spirale 01 dont il était l'homothétique à l'échelle 1,3. Le fuselage, entièrement métallique se terminait par une rampe de chargement arrière, il pouvait emporter jusqu'à 3,5 t de frêt dans une soute de 25 m3 avec un plancher de 1,90 m x 7 m, une hauteur de 1,85 m, et équipée de tous les dispositifs d'amarrage. Voir les missions au poids de décollage de 9 500 kg et 11 500 kg.
Les moteurs étant deux turbopropulseurs Turboméca Turmo III de 1 265 ch au lieu de deux Bastan de 870 ch.
Les volets et les ailerons soufflés par d'imposantes pales d'hélices permettaient des décollages et atterrissages courts. Le train d'atterrissage était étudié pour une utilisation sur terrains sommairement aménagés.
Des versions radar aéroporté et reconnaissance étaient également prévues.
Le premier vol était programmé pour juin 1963 mais il ne prit jamais l'air. Seule une maquette d'aménagement fut construite.
Un Spirale IV fut aussi étudié, équipé de quatre Bastan de 940 ch, il était un peu plus grand et pouvait emporter jusqu'à 7 tonnes. Il ne vit pas le jour non plus.
Caractéristiques | ||
Envergure | 22,00 m | |
Longueur | 18,80 m | |
Hauteur | 6,85 m | |
Vitesse de croisière max | 450 km/h | |
Vitesse de croisière économique | 400 km/h | |
Vitesse de décrochage | 87 km/h | |
Distance franchissable | 3 000 km | |
Distance de décollage (à 9 500 kg) | 100 m | |
Distance d'atterrissage (à 8 500 kg) | 126 m | |
Turbopropulseurs | 2 Turboméca Turmo III de 1265 ch |
Sources documentaires
Jane's All the world's aircraft 1962-63
Plaquette GAMD
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