Dassault Mirage IV P
Historique
En 1956, la SNCASO étudie le SO 4060 , un intercepteur équipé de radar, volant à Mach 1.3, successeur des Vautour N qui n'étaient d'ailleurs pas encore en service. En même temps la Générale Aéronautique Marcel Dassault étudie plusieurs projets de chasseurs, du plus léger qui donnera naissance au Mirage III A au plus lourd : le biréacteur Mirage IV. Au mois de novembre 1956, le Ministre de la Défense décide que seule l'étude du Mirage III A doit être poursuivie, le Mirage IV devant évoluer vers un avion de bombardement capable de voler à plus de Mach 2 et effectuer la moitié de la pénétration vers l'objectif, à l'aller et au retour, et le lâcher de la bombe en supersonique et haute altitude.
Le marché de fabrication du prototype désigné Mirage IV-01 est passé en avril 1957. Il se présente comme un Mirage III-A à l'échelle 2 pour sa surface, sa motorisation et son poids à vide. Par contre, il emporte 3 fois plus de carburant. Il est biplace en raison de la présence nécessaire d'un navigateur pour mener à bien la mission.
Le SO 4060 et le Mirage IV sont mis en concurrence. La formule delta du Mirage IV semble mieux correspondre à la mission que l'aile en flèche du SO 4060, celui-ci souffrant d'un poids à vide élevé et d'une sous-motorisation, le projet est abandonné à l'automne 1958. Dans le même temps, le Général de Gaulle décide de doter la France de forces nucléaires, indépendantes et suffisamment crédibles pour dissuader tout agresseur éventuel. Le Mirage IV est désigné comme vecteur de l'Arme Nucléaire Stratégique.
Le premier prototype du Mirage IV prit l'air le 17 juin 1959, piloté par Roland Glavany, propulsé par deux turboréacteurs Atar 9B. Sur cet appareil René Bigand a battu le 22 septembre 1960 le record du monde de vitesse en circuit fermé de 1000 km à la vitesse moyenne de 1822 km/h, dont 30 minutes accomplies entre Mach 1,8 et 2.
Le second prototype prend la désignation Mirage IV A et il est équipé de réacteurs Atar 9D, puis 9K.
D'autres missions que le bombardement sont possibles : reconnaissance stratégique grâce à un conteneur ventral spécifique (CT 52 avec caméras optiques et/ou détecteur infrarouge), et guerre électronique grâce à un conteneur spécialisé (CT 51) emporté sous la voilure.
Production
La fiche programme initiale prévoyait une série de 80 avions dont 53 en version bombardier et 27 avions en version reconnaissance et guerre électronique. En raison de recherches d'économies, seuls 50 avions furent commandés en 1962; les missions dévolues aux avions spécialisés étant couvertes par des Mirage IV A équipés de conteneurs spécifiques. Une commande de 12 avions supplémentaires fut passée en novembre 1965, portant le nombre total de Mirage IV A à 62.
Sud-Aviation, fabriquait la voilure, le fuselage central et le fuselage arrière; Breguet, la dérive et Morane les pointes avant démontables. La GAMD fabriquait le fuselage avant, la partie extrême arrière (le croupion) et exécutait l'assemblage des divers tronçons et aménagements du fuselage à Argenteuil, l'assemblage final et contrôle des avions complets à Mérignac. La livraison des avions s'effectua à la cadence de deux par mois pour s'achever en mars 1968.
A l'époque où il était encore Mirage IV A
Dans les années 80, une nouvelle version a été étudiée et réalisée : le Mirage IV P. Dérivé du IV A, il est doté de deux centrales à inertie SAGEM, adaptées de celles du Mirage 2000N, d'un nouveau radar panoramique Thomson Iguane, d'une nacelle de brouillage, de lance-leures, et du missile nucléaire supersonique ASMP produit par l'Aérospatiale. La mise au point du prototype a été faite par Dassault et la transformation de 18 Mirage IV A réalisée par l'Atelier Industriel de l'Aéronautique de Clermont-Ferrand. Le premier vol du Mirage IV P eut lieu le 12 octobre 1982, le 18ème remis à l'Armée de l'Air le 9 décembre 1987.
Carrière
Le premier Mirage IV A de série a été livré à l'Armée de l'Air en février 1964. Le 1er octobre de la même année, les premiers escadrons de Mirage IV sont déclarés officiellement opérationnels. Il fut utilisé par les 91eme, et 94eme escadres de bombardement.
Pour clôturer la validation globale du système d'arme stratégique piloté, l'avion n° 9 effectua, en juillet 1966, au Centre d'essais du Pacifique un tir nucléaire réel.
Le dernier Mirage IV A a été retiré du service le 1er juillet 1988, au sein l'Escadron de Bombardement 2/94 Marne.
Parallèlement, le Mirage IV P est entré en service dans l'Armée de l'Air le 1er mai 1986. Une poignée d'appareils reste opérationnelle en 2002 au sein de l'Escadron de Reconnaissance Stratégique 1/91 Gascogne.
Il a été employé dans des missions de reconnaissance au Tchad, pendant la Guerre du Golfe, en ex-Yougoslavie et en Afghanistan.
Le dernier Mirage IV en Visite d'entretien Périodique a quitté l'ESTS le 25 février 2005, il n'en restait que quatre opérationnels.
Le retrait définitif a eu lieu à Mont-de-Marsan le 23 juin 2005.
Il doit être remplacé par le Rafale au standard F3, équipé de la nacelle de reconnaissance Reco-NG et du missile nucléaire ASMP-A (amélioré) à charge modulaire.
Exportation
La Royal Air Force envisagea d'utiliser le Mirage IV propulsé par deux réacteurs Avon, mais ce projet fut abandonné. Israël envisagea un achat en version non-nucléaire pour le bombardement et la reconnaissance.
Envergure | 11,85 m | |
Longueur | 23,49 m | |
Hauteur | 5,45 m | |
Surface alaire | 78 m2 | |
Masse à vide | 14180 kg | |
Masse max. | 33475 kg | |
Distance franchissable max. | 4000 km | |
Rayon d'action tactique | 1240 km | |
Vitesse max. | Mach 2,2 (2340 km/h) à 13125 m | |
Réacteur | 2 SNECMA Atar 9K11 de 7800 kg de poussée chacun |
Publicité de 1964
Le 22/01/1986, il est modifié en IVP, puis livré à l'Escadron 1/91 "Gascogne" de Mont de Marsan (1er Escadron transformé sur Mirage IVP). Le 05/05/1986, il arrive au CIFAS, devenant ainsi le 1er IVP de cet Escadron. Il finit sa carrière au sein du 1/91 Gascogne, le 16/07/1996, après 8031 heures de vol, dont 2689 en version IVP. Il intègre la collection du CAEA à l'occasion du Salon des avions de légende en octobre 1998, puis sera « allégé » de ses 2 réacteurs, qui ont encore du potentiel, par la BA 106.
Il a quitté la collection le 6 juin 2021
Visible dns l'usine Dassault Aviation de Mérignac