LE REMORQUAGE DE CIBLES POUR AVIONS DE CHASSE
Pour la formation et l'entrainement des pilotes de chasse au tir air-air et des servants de la défense sol-air, plusieurs types de cibles sont utilisées, soit des engins cibles comme la CT 20 ou la C 22 pour des tirs de missiles air-air et sol-air, soit des cibles aériennes remorquées par un autre aéronef, surnommé affectueusement « biroutier », pour les tirs canons air-air et sol-air.
Tir d'une cible CT20 avec les boosters à poudre en fonctionnements | Tir d'une cible C22 avec les boosters à poudre en fonctionnement |
L'aéronef remorqueur peut-être soit un autre avion de chasse, soit un avion civil de type jet d'affaires. C'est ainsi que l'Armée de l'Air et de l'Espace Française a utilisé des chasseurs de tous ses types en service, soit un Mystères 20 affecté à l'escadron ciblerie de Cazaux. ou la location de services de la société privée « AVDEF » équipée aussi de Mystère 20.
Mystère 20 remorqueur de l'Armée de l'Air larguant une cibla acoustique SACAPEM 90
Les cibles remorquées ont été des panneaux remplacés par des cibles acoustiques.
- Les panneaux PR53 étaient des sortes de filets rectangulaires tractés au bout d'un câble relié à l'avion remorqueur. Les obus d’exercice inertes, sont peints en plusieurs couleurs : bleu, jaune, rouge, noir et … sans peinture (pour avoir une possibilité en plus). Pour diminuer les heures de vol, au cours d'un tractage deux à trois patrouilles de deux avions, avec leurs couleurs respectives, font des passes de tir, et de retour de vol, le panneau était largué sur Calamar (nom du champ de tir parallèle à la piste), ramené à la ciblerie et il était compté les trous laissés par le passage des obus et différenciés par la peinture laissée sur ses bords. La qualification tireur dépendant des scores effectués par les élèves pilotes, ils étaient très attentifs au décompte.
- La cible acoustique Soulé 12, S90B et TAC100 se présentent sous la forme d'un cylindre équipé d'une ogive avant et ayant à l'arrière un empennage tétraplan en toile pour la stabiliser, sauf la Soulé 12 équipée de trois ailes. Elle comprend un microphone placé dans sa pointe avant et d’un équipement MAE15 (mesureur acoustique des écarts SFENA type 15), relié au sol qui détecte le signal sonore du passage des obus à proximité dans des sphères de 4 à 6 m de rayon. Pour obtenir la qualification, les pilotes effectuent deux passes et doivent avoir au moins deux obus pour chacune d'elles dans la sphère des 6 mètres. Les 500 m de câble sont logés dans différents type de conteneurs suivant le type de cible et d’avion.
Corps de la « TAC 100 », à l'arrière on voit son antenne de transmission avec la station au sol | « TAC 100 » remorquée en vol avec son tétraplan déployé |
Installation du remorquage en Y sur Mirage F1
Pour augmenter la vitesse propre de la cible, le remorqueur effectue des virages ce quil accélére la cible au bout de ses plus de 500 m de câble.
Les tirs devaient être effectuée à une distance de sécurité. Il était tentant pour les pilotes manquant de points pour la qualification de passer outre et de tirer plus près. Une photo a longtemps orné la ciblerie de Cazaux, celle d'un Mystère IV dont l'entrée d'air avait été découpée par la manille du panneau. Le pilote, s'étant trop approché, avait désintéfré le panneau avec sa rafale et l'émerillon libéré de la trainée avait fouété l'air au bout de son câble. La légende etait : "voilà ce qui arrive quand on cherche un 100%".
Photo d'un Mystère IV A équipé en remorqueur de cible. Le panneau (type PR 53) est étalé au sol à côté de lui à sa droite. Sous son aile gauche, à côté du bidon, est accrochée une cible acoustique remorquée « Soulé 12 », sous son aile droite est accroché un conteneur pour le câble
Il existe différentes configurations suivant le type de cible et d’aéronef :
- En point voilure pour le conteneur CD25 et lance cible Alkan type 30M3 sur Mystère IV et Vautour (cible PR53 ou Soulé 12.
- En point fuselage sur MAT641 en poste arrière pour le conteneur CD25 sur Mirage III et le lance-cible R31A en point voilure (cible Soulé 12).
- En point fuselage sur MAT641 en poste arrière pour le conteneur Vrac500 sur Jaguar, Mirage III et Mirage F1. Cible S90B en poste avant.
- En point fuselage sur MAT641 en poste arrière pour le conteneur 51A (contenant la câble et la cible PR53 ou TAC100) sur Jaguar, Mirage III, Mirage F1 et Mirage 2000.
Pour ces types de matériels montés en fuselage, le remorquage est dans l’axe.
L'Alphajet remorqueur attitré de l'AAE est équipé en fuselage d'une PEC 101 et d'un conteneur 720 (contenant le câble et la cible TAC 100).
Le largage du câble s'effectue, suivant le type de conteneur, par un mécanisme pyro ou électromécanique, suivi d'une temporisation pour actionner un largage secours si nécessaire. Si pas de largage, le pilote peut essayer de brûler le câble dans le cas d'un remorquage dans l'axe. Si échec, c'est le largage en détresse du conteneur.
Le remorquage en Y (sur Mirage III, Mirage F1 et Mirage 2000) a pour but de présenter aux tireurs des cibles qui se « défendent »donc de repousser ou supprimer les limitations consécutives aux interactions câble-fuselage ou jet réacteur. La configuration est en ventral, un MAT 641 avec un conteneur 52A (contenant câble et la cible TAC 100) et en bout de voilure D et G un mat de remorquage Alkan type R085.
Pour le montage de la cible sur l'avion, cliquez ICI.