Fouga CM.170 R Magister
Le n° 370. Répondant au marché n°5693/60 il effectue son premier vol le 23 octobre 1962, piloté par Grangette; il est équipé de Marboré II. Il est pris en compte par l'Armée de l'Air le 20 novembre suivant et stocké à l'EAA 601 de Chateaudun, jusqu'au 5 mars 1963. Il est alors affecté à l'Escadron de Transition Réacteur ETR.40/115 d'Orange avec le code radio F-TGRF (les deux dernières lettres apparaissant en noir à l'avant du fuselage) jusqu'au 17 août 1965. Muté ensuite au Groupement Ecole GE 315 de Cognac, il porte le code 315-QJ (F-TEQJ). La carrière charentaise de notre Fouga est entrecoupée par un séjour de six mois à l'AIA de Clermont-Ferrand pour Grande Visite (du 6/06/68 20/01/69) et un "stage" au CEV de Brétigny pendant l'été 1971 (du 1/07/71 au 30/09/71). Après son retrait de service, le 30 juin 1977, l'avion est révisé et reconditionné par la SOGERMA avec six autres de ses congénères, en vue de le livrer à l'Armée de l'Air Camerounaise; son dernier point fixe datant de 1990. Mais en raison de difficultés administratives, la livraison est bloquée et les avions restent à l'abandon sur un coin de parking de la société girondine, qui décide finalement de s'en débarrasser à la fin des années 90.
Visible dans le hangar
Autre Fouga présent dans le hangar, celui du SIRPA aux couleurs de la Patrouille de France.
Il s'agit du n° 454 qui a effectué son 1er vol le 7 mars 1966, il est équipé de Marboré VI F2. Pris en compte le 25 mars au GI 312 sous l'immatriculation F-TEAT, il passe ensuite à la Patrouille de France (F-TFUH puis F-TFUJ) jusqu'au 31 mars 1969, date de son affectation au GE 313 en tant que F-TGDJ. Le 11 juin de la même année, lors d'un exercice touch and go à Vichy, il se pose train rentré, l'équipage est indemne. Il séjourne à l'Atelier Industriel de l'Aéronautique de Clermont-Ferrand du 22 septembre 1969 au 13 août 1970, puis retourne au GI 312 (312-TA / F-TFTA). Le 8 août 1977 il entre à la Sogerma et rejoint le GE 313 le 8 mars 1978 (313-CB / F-TGCB). En 1987 il est stocké à Châteaudun et en septembre 1988 il est affecté au BRE d'Aix les Milles pour exposition statique.
Le N° 117 a été donné par l’Armée de l’Air à l’IUT de Talence le 21 janvier 1986.
Il y a servi à l’instruction des élèves sur la maintenance aéronef.
Devenu obsolète, il a été remplacé dans ce rôle et a été échangé avec le CAEA où il est arrivé le mardi 5 décembre 2023.
Il est prévu d’être placé en monument à l’aérogarage de Marcheprime.
En attente sur le parking de la BA106
Historique
La naissance du Magister, "Fouga" sans le lagage courant, est le résultat de la rencontre de quatre personnages.
En 1920, Gaston Fouga a son usine de réparation de matériel ferroviaire à Béziers, elle est approvisionnée par une scierie-menuiserie située à Aire sur l'Adour. En 1936 il s'intéresse à l'aviation et veut développer une activité aéronautique à Aire, il la démarre en y produisant l'avion de Pierre Mauboussin, le M 123 Corsaire qui était fabriqué jusque là chez Zodiac et Breguet. A partir de 1939, Pierre Mauboussin crée des planeurs qui sont fabriqués chez Fouga. Puis il s'associe avec Robert Castello toujours pour concevoir des planeurs, cet ingénieur espagnol vivant en France depuis l'age de 11 ans est alors employé au bureau d'études personnel d'Emile Dewoitine, mais il dessine des planeurs depuis 1932 en dehors de son travail. Il reste chez Dewoitine jusqu'en 1944, année où celui-ci quitte la France, le bureau d'études passe alors chez Fouga et Castello en devient le directeur technique des " planeurs et avions Castel-Mauboussin " ; Mauboussin quant à lui est directeur des " Services Aviation " de Fouga, qui cette même année devient " Air Fouga ".
Après la guerre, Joseph Szydlowsky, fondateur de la société Turboméca située à Bordes, à quelques kilomètres d'Aire sur l'Adour, cherche des cellules pouvant accueillir ses réacteurs, ou bien est-ce Pierre Mauboussin qui cherchait un réacteur pour ses avions ? toujours est-il que la rencontre aboutit à plusieurs projets :
- 14/07/49 CM8R13 Cyclone (puis Sylphe), réacteur TR.011 de 90 kgp - 31/08/50 CM8R9 Cyclope, réacteur Piméné de 110 kgp - 28/04/51 Cyclope II, réacteur Palas - 06/03/51 CM88R Gémeaux, Piméné - 16/06/51 Gémeaux II, Marboré I - 24/08/51 Gémeaux III, Marboré II - 06/11/51 Gémeaux IV, réacteur double flux Aspin 200 kgp - 21/06/52 Gémeaux V, Aspin de 360 kgp
Et enfin, le 23 juillet 1952, au premier vol du CM 170 R Magister (CM pour Castello et Mauboussin) dont la silhouette particulièrement fine rappelle que la société Air Fouga était jusqu'alors spécialisée dans la construction de planeurs.
Malgré la destruction accidentelle du prototype, le succès ne se fait guère attendre. Premier appareil d'entraînement à réaction de conception originale (auparavant, on utilisait des dérivés biplaces d'avions de combat), le Fouga Magister est capable d'assurer la formation complète d'un pilote, dans des conditions économiques tout à fait remarquables.
De construction entièrement métallique c'est un biplace en tandem, à aile médiane et empennage papillon (en V), pourvu d'un train tricycle escamotable, il est propulsé par deux turboréacteurs Turboméca Marboré II puis Marboré VI.
Il peut être armé de deux mitrailleuses de 7,5 mm (de type AA52 / MAC 52 avc 400 coups), de bombes (2 x 50 kg) de roquettes (6 de 68 mm ou 18 de 37 mm) et même de missiles Air-Sol (2 AS.11).
Production
Au total, 929 exemplaires ont été construits.
Le montage final était effectué à Toulouse-Blagnac sous maîtrise d'oeuvre de la société Fouga à partir d'éléments fabriqués à Aire sur l'Adour, Tarbes, Marignane ou Blagnac. La production française est de 576 appareils, le dernier sorti d'usine le 2 mars 1969. Les révisions étaient effectuées à l'AIA de Clermont-Ferrand jusqu'en 1970, par la Sogerma à Bordeaux ensuite.
En 1958 Air-Fouga est repris par Henry Potez et devient Potez-Air-Fouga. En 1967 l'usine Potez Toulouse et son personnel sont repris par Sud Aviation, qui fera partie en 1970 de la SNIAS.
Dès le mois d'août 1956, Heinkel et Messerschmitt étaient désignés par le ministère de la Défense allemand pour la construction sous licence des Fouga Magister C.M.170R. L'usine Messerschmitt d'Augsbourg était chargée du fuselage et de l'équipement ; les ateliers de Munich-Riem du montage final et des essais en vol, tandis que Heinkel, à Spire, fournirait les ailes, le train, le cockpit et les volets. Cependant, d'importantes modifications des installations durent être entreprises aux usines d'Augsbourg avant que les cent quatre-vingt-quatorze premiers avions puissent être livrés. L'entretien des deux cent quatre-vingt-cinq Fouga Magister sera assuré ensuite par les ateliers Messerschmitt à Riem.
Valmet OY à Tampere a fabriqué la plupart des 62 exemplaires pour l'armée finlandaise, seuls les moteurs et quelques équipements ont été importés.
Le Fouga Magister israélien
En 1958 un accord de fabrication sous licence a été conclu avec Israel Aircraft Industries, les premiers appareils sont sortis d'usine en 1960 (sous le nom de Tzukit). Cependant cette version diffère de l'appareil original : accroissement de la surface des ailerons ; utilisation de résines plastiques et de fibre de verre en particulier pour les entrées d'air, réduisant le poids et le coût de fabrication ; les postes avant et arrière sont identiques ; amélioration du confort de l'équipage en raison des températures élevées.
L'armement standard du Magister israélien se compose de deux mitrailleuses Browning de calibre 7,62 montées dans le nez auxquelles viennent s'ajouter 16 roquettes air-sol. Des bidons de napalm ou des bombes de 50 kg peuvent également être emportée sous la voilure.
Quatre combinaisons d'armes pouvant être réalisées : 2 missiles air-sol A.S.-11, 4 roquettes T-10 et 2 bombes de 50 kg ; 2 lance-roquettes Matra, type 181 (2 x 18 roquettes de 37 mm.), 2 lance-roquettes de 68 mm. (2 x 7 roquettes).
Les missions confiées au Fouga Magister sont :
- l'attaque de positions fortifiées ;
- la destruction des véhicules blindés ;
- l'attaque des concentrations des véhicules transport de troupes ;
- les opérations de harcèlement ;
- l'attaque de l'infanterie ;
- les missions de reconnaissance armée.
Exportation
En plus des pays l'ayant construit sous licence, citons parmi les pays utilisateurs : Algérie, Autriche, Bangladesh, Belgique, Brésil, Cambodge, Cameroun, Gabon, Irlande, Katanga, Liban, Maroc, Ouganda, Salvador, Sénégal, Togo.
Le Fouga connaît une grande carrière d'avion de collection, y compris aux Etats-Unis où près d'une centaine d'exemplaires y sont immatriculés.
Dérivés
Plusieurs dérivés du Magister ont été étudiés, sans production en série :
CM.171 Makalu, biplace, biréacteur banc d'essai du réacteur Gabizo, 1er vol le 5 novembre 1956.
CM.173 puis Potez 94, biplace d'entraînement à la chasse, équipé de sièges éjectables, deux Marboré VI, premier vol 8 juin 1964.
CM.191 (Potez-Heinkel), quadriplace d'entraînement et de liaison, deux Marboré VI, premier vol le 19 mars 1962.
Enfin l'Aérospatiale proposa le Fouga 90, 1er vol le 20 août 1978, biplace d'entraînement, deux réacteurs Astafan.
Carrière en France
Acquis par l'Armée de l'Air et mis en service à partir du 29 février 1956, il équipait les écoles de pilotage, mais également de nombreuses unités opérationnelles, comme avion de liaison et d'entraînement. En outre, il constitue la monture de la prestigieuse Patrouille de France de 1964 à 1980.
Son remplacement commence en 1984 par des Epsilon à Cognac. Il franchit le cap des deux millions d'heures dans l'Armée de l'Air en mai 1993. Il est finalement retiré du service en 1997.
Poste avant |
Poste arrière |
Envergure (avec réservoirs) | 12,15 m | |
Longueur | 10,06 m | |
Hauteur | 2,80 m | |
Surface alaire | 17,30 m2 | |
Poids à vide (avec Marboré II) | 2287 kg | |
Poids max. au décollage (avec réservoirs de 230 l) | 3422 kg | |
Vitesse maximale | 725 km/h à 9 000 m | |
Vitesse ascensionnelle | 1020 m/mn | |
Distance franchissable (avec réservoirs de 230 l) | 1 400 km ou 2 h 50 min | |
Altitude max. | 12 000 m | |
Réacteurs | 2 Turbomeca Marboré II de 400 kg de poussée ou Marboré VI de 480 kg de poussée chacun |
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Armement interne (optionnel) | 2 mitrailleuses de 7,5 ou 7,62 mm |
Cet avion fait partie du Marché n°5439/60. Il a effectué son premier vol le 29 mars 1962 aux mains du pilote Grangette et été pris en compte par l'Armée de l'Air à l'Etablissement de l'Armée de l'Air 601 de Châteaudun le 24 avril 1962.
Sa première affectation est la BA 745, indicatif F-TGDX, code DX, jusqu'au 01.04.1966 ; puis il passe sous le même code au GE 313 jusqu'au 11.02.1969, date de son départ pour l'AIA de Clermont.
Il reprend du service le 24.06.1969 au GE 315, le 23 juillet 1969 il se pose sur le ventre. Il part en réparation chez Potez le 29.1.70 puis va à la Sogerma le 7.10.1970. Retour en unité le 27.1.71 au GE 315 au moins jusqu'au 16.11.1977, indicatif F-TEXB code 315-XB, probablement même jusqu'à son stockage à Châteaudun en date du 20 novembre 1979, d'où il est ressorti le 30 octobre 1981.
Il devient alors avion de liaison au profit de l'Escadron de Chasse 4/11 Jura basé à Mérignac, code 11-OD, semble t-il jusqu'en avril 1985 quand il est une fois encore stocké à Châteaudun.
De mai 1986 à février 1989 il est affecté à l'Escadrille d'Entraînement au Vol Sans Visibilité de la 12ème escadre, code 12-XL. Puis, il repart (c'est une habitude) à Châteaudun.
Le 13 février 1990 il est perçu par la Section Accueil Liaison et Entraînement de la 33ème Escadre de Chasse codé 33-XA où il a terminé sa carrière volante mi-1993. Devinez où il va ensuite ? Châteaudun bien entendu.
Ensuite il rejoint Rochefort pour la formation des élèves-mécaniciens, vraisemblablement jusqu'en avril 1999. Enfin il est stocké (eh non, pas à Châteaudun) à la BA 709 de Cognac.
Curieux hasard, le code 11-OD est le code factice qui a été donné à notre Fouga n°370.
Stocké dans le hangar
Sources documentaires
Le Trait d'Union. Série d'articles sur le Fouga.
Messerschmitt. Constantin Parvulesco. Ed ETAI
Planeurs et avions. Christian Castello. Ed. Le Lézard
Le Fouga sous toutes ses couleurs. Ed. Addim
"Air Fouga" sur le forum Tarmacs
Formulaires de suivi technique.
Air&Cosmos n° 54 - 25 avril 1964.